2020/08/30

Le rallye de navigation : une compétition méconnue

Bonjour tout le monde!

Après un petit repos bien mérité pendant mes vacances estivales, je retourne à mon blog. Aujourd'hui, il me fait plaisir de vous présenter un proche collaborateur de longue date, M. Sébastien Laquerre. Sébastien est un passionné d'automobile de naissance comme moi et travail dans le domaine depuis belle lurette. Avant tout l'énervement de la pandémie, il a pu participer à une activité automobile pas ordinaire et je lui ai donc demander de nous écrire un texte à ce sujet. C'est la première collaboration du Blog automobile de Phil avec un autre passionné. Espérant que ce ne sera pas la dernière. Sans plus tarder, je vous laisse lire l'expérience de Sébastien ci-dessous.
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Rallye. Pour plusieurs, ce mot représente une promenade d’observation, à pied ou en engin motorisé, à la recherche d’indices bien cachés. Pour d’autres, c’est un sport automobile synonyme de vitesse, d’audace et de précision. Mais si on parle de « Rallye de Navigation », qu’est-ce que ça vous dit?

Personnellement, je ne connaissais pas ce concept jusqu’à il y a quelques mois. Ce sont des amis qui se sont inscrits à un tel événement et qui m’ont incité à faire de même. J’ai alors appris que l’objectif d’un tel rallye n’est pas si différent de la compétition bien connue : à bord d’un véhicule légal pour la route, des étapes prédéterminées doivent être franchies en effectuant le moins d’erreurs possible. La différence majeure est que ce n’est pas la vitesse absolue qui compte, mais bel et bien le respect du temps alloué pour chacune des étapes. Le rallye de navigation se déroulant sur des routes publiques ouvertes à la circulation, on peut très bien comprendre le pourquoi de cette distinction…

C’est par un bel après-midi de février que mon ami Steph – qui agit comme copilote – et moi-même nous présentons au quartier général établi à St-Apollinaire par les organisateurs de l’événement, le Club Autos Sport La Licorne (https://casll.qc.ca/). Les instructions nous sont données et on nous remet le cahier de navigation, qui comporte toutes les indications nécessaires pour retrouver notre chemin. Mais même s’il reste quelques heures avant le départ officiel, le travail du copilote commence déjà : il faut procéder à divers calculs afin de déterminer le temps qu’on doit prendre pour franchir chacune des sections tout en respectant la vitesse moyenne demandée pour chacune d’entre elles.

Pendant ce temps, j’en profite pour apposer quelques collants d’usage sur notre véhicule et pour relaxer un peu afin de me préparer à ce qui s’avérera quand même plusieurs heures de conduite intensive. Ah oui, le véhicule, je n’en avais même pas encore parlé… Une simple Subaru Crosstrek qui, à part un lien familial avec ses sœurs WRX/STi, n’a absolument rien d’un véhicule sport avec son petit 4 cylindres atmosphérique, sa transmission CVT et son 0-100 km/h en 10 secondes! Sa traction intégrale s’avérera toutefois un atout intéressant en cette journée d’hiver.


(Le bolide en question- NDLR)

Le départ a lieu en séquence à partir de 16h01, au rythme d’un véhicule à toutes les minutes. Puisque le numéro 6 nous a été assigné, nous prenons la route à 16h06 lorsque le signal nous est donné par un des organisateurs.

Peu après le départ, une Mitsubishi Lancer Evolution nous talonne déjà. À ce moment, on pense que son conducteur s’est trompé de rallye et qu’il roule trop vite, mais nous apprendrons plus tard que nous avions mal calculé certains aspects lors de nos premiers kilomètres et que nous étions trop lents à ce moment. Donc malgré quelques grognements de ma part lorsque je laisse le passage à ce bolide 2 fois plus puissant que le mien, il s’avère que c’est cet équipage qui avait raison. C’est l’expérience qui rentre…

L’intérêt d’un tel rallye, c’est que nous ignorons où sont situés les points de contrôle. Il peut y en avoir deux dans une même section, puis aucun dans les trois sections suivantes. Cette incertitude nous oblige à valider constamment notre vitesse moyenne et à être sur nos gardes pour respecter les temps demandés lors d’un éventuel point de contrôle. Le respect de l’itinéraire, bien entendu, représente aussi un défi. Mais grâce à un cahier de notes bien conçu et à notre diligence constante, nous ne ferons qu’une seule petite erreur de trajet dans toute la soirée et ses conséquences furent mineures.

Après plusieurs kilomètres sur l’autoroute 20 que nous venons de quitter, on commence enfin à s’enfoncer dans les terres – et dans la nuit qui tombe. C’est au détour d’une courbe que nous atteignons le premier point de contrôle, qui consiste en un bénévole stationné sur le bord de la route avec un panneau bien visible. Nous devons lui remettre notre feuille de route afin qu’il y inscrive l’heure exacte à laquelle nous sommes arrivés à cet endroit. C’est à la fin du rallye que les vitesses moyennes seront calculées par les organisateurs mais, dans le feu de l’action, il est difficile de savoir si nous sommes sur la bonne voie ou non. Les plus expérimentés ont sûrement des trucs mais ce n’est pas notre cas!

Au fur et à mesure que nous progressons dans la campagne beauceronne, je me rends compte que j’aime beaucoup mieux être à ma place que dans le siège du copilote. Steph a toujours la tête baissée à examiner les notes, à faire des calculs, à me donner des directives, etc. Comme dans la plupart des rallyes, ce travail est d’une extrême importance et est essentiel à la réussite de l’épreuve. Mon travail est plutôt d’écouter les directives du copilote, de maintenir la vitesse requise et, bien sûr, de garder le véhicule sur la route! Étant d’un naturel contemplatif qui aime regarder le paysage, je n’ai pas le loisir d’en profiter : mon regard alterne sans cesse entre l’indicateur de vitesse, l’odomètre et la route. Heureusement, il n’y a pas grand-chose à contempler dans cette nuit d’encre de toute façon…

Quelques heures et points de contrôle plus tard, il est temps de faire la pause. C’est à St-Victor qu’elle a lieu et nous apprenons à ce moment qu’une excellente pizzeria fait office de relais pour les compétiteurs affamés. Nous avons été prévoyants en apportant notre propre lunch, ce qui nous épargne le stress d’être servi dans les temps. Ça nous permet aussi de faire le point et de relaxer tranquillement dans le véhicule tout en discutant avec nos amis qui font partie d’un autre équipage. Nous n’échangeons pas trop sur nos stratégies quand même, notre objectif premier étant de les battre à défaut de réellement viser un podium…

Au moment de repartir, un organisateur nous avertit que le plus « le fun » est à venir! Et c’est ce qu’on constate rapidement : les routes sont moins larges, moins éclairées et plus enneigées. Il faut également conserver un rythme plus rapide pour demeurer dans les temps, ce qui demande davantage de concentration. Mais c’est effectivement très plaisant et il est toujours tentant d’effectuer quelques dérapages contrôlés (dans les limites de ce qui est possible avec 152 chevaux, on s’entend).

Peu à peu, la fatigue fait son œuvre. Nous sommes surpris de voir à quel point une telle épreuve peut être éprouvante mentalement même si elle se déroule à des vitesses légales. C’est en quelque sorte un marathon de plusieurs heures pendant lesquelles le focus doit être gardé en tout temps sur les routes à emprunter et sur les objectifs à atteindre. Lorsque, par un drôle de hasard, le parcours nous fait passer à 2 kilomètres de chez-moi, il serait faux de dire que je n’ai pas une petite pensée pour mon doux lit et pour ma conjointe qui m’y attend…

Je reprends rapidement mes esprits pour les quelques kilomètres qui nous séparent de l’arrivée. Après le calme de la Beauce et de Lotbinière, c’est à l’Archibald de Ste-Foy que le point de contrôle final est établi aux alentours de minuit. Disons que la bière est excellente après cette longue soirée qui a duré 6 heures et environ 350 kilomètres!

C’est l’occasion de discuter avec d’autres participants en attendant les résultats. On comptera une bonne heure avant de les recevoir, il y a beaucoup de données à compiler et de calculs à effectuer par les organisateurs. D’ailleurs, une telle épreuve serait impossible à tenir sans la participation des nombreux bénévoles qui déterminent le parcours, rédigent le cahier de route, attendent les participants aux points de contrôle, veillent à la bonne marche des opérations, etc. Ça prend une bonne dose de passion pour l’automobile en général (chose malheureusement de plus en plus rare de nos jours) et on peut les remercier chaleureusement d’avoir rendu la tenue d’un tel événement possible!

Et notre résultat dans tout ça? Une sixième place sur vingt équipages, ce dont nous sommes assez fiers étant donné que c’est notre première participation! Et surtout, nous avons battu nos amis qui nous avaient invité à l’événement, ce qui en fait sans aucun doute une belle victoire morale… 
Vous l’aurez compris, tout cela est arrivé peu de temps avant que la planète soit mise sur pause pour les raisons que l’on connaît. Nous nous étions promis de recommencer l’expérience plus tard mais même si ce souhait ne se réalisera pas à court terme, ce n’est que partie remise…

Cet événement nous a apporté beaucoup de plaisir et je conseille le rallye de navigation à quiconque aime conduire et passer du bon temps. Nous n’oublierons pas cette soirée de sitôt!