2020/02/19

Impressions de conduite: Ford EcoSport

Introduction.

Depuis plusieurs années maintenant, les VUS ont le vent dans les voiles. Les clients en raffolent et petit à petit ils déciment les berlines et voitures de sports dans le catalogue des constructeurs. Je vais être franc avec vous, je déteste ce genre de véhicule et la logique qui suit leur achat. Trop de compromis, pas assez d’agrément de conduite et le tout pour un faux sentiment de sécurité et d’espace. En 2020, les constructeurs en rajoutent une louche avec les fameux VUS de catégorie sous-compacte. Ces derniers s’envolent comme des petits pain chauds dans les concessions et chaque constructeur semble lancer une nouvelle mouture à chaque semaine pour ne pas se faire devancer par son concurrent. Ford, ne voulant pas manquer le bateau, nous offre le EcoSport. J’ai eu la chance de l’essayer voilà un moment, autant sur route ouverte que sur circuit. Je vais donc essayer de faire taire mes préjugées et vous dire ce que j’en pense de façon impartiale.

Le Ford EcoSport est apparu sur le marché québécois en 2017. Par contre, cela fait déjà plusieurs années qu’il roule sa bosse un peu partout à travers le monde. Il fut présenté pour la première fois au Salon de l’auto de New Delhi en 2012 et fut commercialisé dans plusieurs pays émergeant, dont l’Inde, à partir de la même année en tant que modèle 2013. Le tout est basée sur la plate-forme de la Ford Fiesta et il partage les mêmes moteurs et transmission. Donc, ce n’est pas un «vrai» camion comme on pourrait le croire, mais plutôt un multi segments comme on aime nommer ce genre de véhicule sans châssis séparé. Remarquez que personne dans la catégorie n’offre quelque chose de différent. Maintenant, allons voir ce que ça donne sur la route. 


Design, intérieur et finition.

Bon je vais commencer par les fleurs et j’enverrai le pot par la suite. J’aime bien la petite bouille de l’EcoSport. Il reprend le look corporatif de Ford et l’incorpore dans un véhicule aux dimensions compactes. Bravo au designer, qui ont sut lui donner des proportions intéressantes malgré la petitesse du véhicule. La finition extérieur est correct avec des lignes de carrosserie pas trop énormes et un ajustement digne de ce nom. À l’intérieur c’est aussi bien. Le dessin de la planche de bord est moderne et la finition et l’assemblage sont correct. Dépendant, du modèle choisis vous aurez même droit à des accents de couleur sur la planche de bord et les sièges ce qui rajeunit beaucoup le véhicule. J’aime bien!

Le conducteur et son passager sont relativement bien assis. Je n’ai pas fait un long trajet avec le véhicule, mais il semble y avoir assez de rembourrage pour des balades de quelques heures. Pour la traversée du continent prévoyez quelques arrêts. Par contre, avec mon gabarit de joueur de football j’y étais un peu à l’étroit, surtout au niveau des genoux. Aussi, heureusement que je venais d’avoir une coupe de cheveux car le plafond n’est pas très haut. Problèmes de grandes personnes…

À l’arrière ça se complique. Déjà l’espace y est compter, alors quand j’ajuste mon siège à ma grandeur mon copain à l’arrière doit carrément se faire amputer les jambes. Pour enfant seulement ou pour les adultes sur courte distance. Ford vient d’inventer le VUS 2+2… Dans le coffre ce n’est pas mieux, quelques sacs d’épicerie sans plus. Pour un voyage longue durée, il faudra abaisser la banquette qui se divise 60/40 et se bascule vers l’avant. Par contre, elle ne reste pas en place alors n’y mettez pas vos objets les plus fragiles au risque qu’ils se fassent écraser. Bref, rien de mieux que dans une berline équivalente. 1ière prise pour les VUS.

Fait intéressant, la hayon du coffre de l’EcoSport s’ouvre de façon latérale. Ça peut paraître contre-intuitif, mais plusieurs VUS d’antan en était équipé et le légendaire Jeep Wrangler est toujours configuré de cette façon. Ford nous affirme que cela ne pose pas de problème lorsque quelqu’un est stationné trop près de vous à l’arrière, mais permettez moi d’en douter un peu. Remarquez qu’un hayon qui s’ouvre de façon verticale nécessite aussi pas mal d’espace à cet endroit. Là où la version Ford pêche, c’est que la vitre du hayon ne s’ouvre pas contrairement aux véhicules mentionnés plus haut. Donc, si pour une raison ou une autre votre hayon est bloqué vous n’avez plus accès au coffre que par la banquette arrière.

La version de base de l’EcoSport est plutôt spartiate. Pas beaucoup d’équipements à part le strict minimum requis dans un véhicule neuf en 2020. Il faut monter en gamme pour avoir plus de confort, mais on doit abandonner le petit moteur frugal. Je vous explique plus bas que ce n’est pas une grosse perte, mais tout de même… Lorsqu’on équipe notre EcoSport de façon convenable c’est assez plaisant. Le système de son est correct et la reconnaissance vocale SYNC a fait des pas de géants depuis ses premières versions. Le tout est aussi compatible avec votre iPhone ou Android, donc on peut se passer d’une interface d’origine capricieuse puisque c’est celle de votre téléphone intelligent qui prends le relais.

Comportement routier

L’entrée de gamme du Ford EcoSport se fait avec le 3 cylindres en ligne EcoBoost de 1,0L. Il s’agit d’un moteur turbocompressé à double arbres à cames en tête de 12 soupapes. Les cames sont variables autant sur la came d’admission que d’échappement et l’injection et l’allumage se font de façon directe et électronique. Le tout développe 123 Hp à 6 000 tr/min et 125 lb-ft à 3 500 tr/min. C’est trop peu. Peu importe la cadence, le moteur est poussif et on manque de puissance partout. De plus, il émet un son de machine à coudre plutôt désagréable ainsi que des vibrations inopportunes dans l’habitacle. Ford annonce 8,4L /100 km pour ce moteur. Faisons le jeux des comparaisons, la Fiesta annonce 7,6L /100km, mais pourtant avec un 4 cylindres de 1,6L. Un Subaru Forester beaucoup plus gros et beaucoup plus pesant annonce aussi 8,4L / 100  km. Bref, passez votre chemin et aller tout de suite au 2,0L ou carrément ailleurs.

Le 2,0 litres est un 4 cylindres en ligne Duratec20 développé en collaboration avec Mazda au début des années 2000. Donc, pas vraiment le dernier cri. Néanmoins, on a droit à un double arbres à cames en tête avec l’injection et l’allumage directe ainsi que des cames variables sur l’admission et l’échappement. Il développe 166 Hp à 6 500 tr/min et 149 lb-ft à 4 450 tr/min. Ce moteur est plus convaincant. La puissance est suffisante, mais ne pensez pas faire mieux que 9 secondes environ pour le 0 à 100 km/h et une fois sur l’autoroute, la voiture a donné tout ce qu’elle avait. Côté raffinement on repassera. C’est un peu mieux que le 3 cylindres, mais le tout demeure assez rustique. La consommation est de 9,3L / 100km ce qui est quand même très élevée pour la catégorie et surtout lorsqu’on compare le EcoSport à la Focus qui est équipée du même moteur. Cette dernière faisant entre 7,7 et 8,5 L / 100 km dépendant de la transmission équipée. Deuxième prise contre les VUS, le retrait s’en vient…

Pour ce qui est du châssis, ce n’est pas fameux non plus. La direction est vague et dénuée de tout feedback. En plus, elle n’est pas des plus précise. Couplé au moteur 1,0L qui manque de puissance, l’agrément de conduite est tout simplement inexistant. Au moins, le 2,0L met un peu de piquant dans l’histoire. Sur une route neuve avec une belle surface plane, l’EcoSport sait se débrouiller avec une belle douceur de roulement. Par contre, aussitôt que la chaussée se dégradent, comme c’est souvent le cas au Québec, la suspension devient sèche et cognante. L’EcoSport prend aussi beaucoup de roulis ce qui avec la direction très ordinaire rend la conduite sportive ardue, pour ne pas dire impossible. Retrait au bâton pour les VUS.

Fiabilité.

Est-ce que la fiabilité du véhicule pourra redonner quelques points à l’EcoSport. Malheureusement, non. Le 1,0L n’est pas un exemple de fiabilité et le fait qu’il soit turbocompressé rajoute beaucoup de complexité dans un moteur déjà peu fiable. C’est le maillon faible de la gamme à éviter à tout prix. Pour ce qui est du 2,0L il est éprouvé et roule sa bosse depuis longtemps dans les véhicules Ford. Cela ne veut pas nécessairement dire que c’est un exemple de fiabilité. Attendez-vous à des défauts et réparations aléatoires qui seront peut-être unique à votre exemplaire. Le mécanicien risque de vous dire souvent : «J’ai jamais vu ça!!». Sinon, le véhicule est garantit 36 mois 60 000 km pare-chocs à pare-chocs et 60 mois 100 000 km pour le moteur et la transmission.

Conclusion.

À mon avis, le Ford EcoSport n’est pas une réussite. Il n’est pas confortable, il n’a pas assez d’espace et ces motorisations sont déficientes. À part le look d’un petit VUS urbain, il n’offre rien de plus qu’une berline équivalente et vous coûtera plus chère à l’usage et en entretien. Si vous tenez absolument à vous doter d’un VUS sous-compact aller plutôt voir du côté de chez Honda avec son HR-V. Il est un plus dispendieux que la concurrence, mais au moins vous en avez pour votre argent et en plus, votre investissement de départ sera récompenser par une valeur de revente solide comme du béton. Si vous privilégiez avant tout le plaisir de conduire, optez plutôt pour le Mazda CX-3 qui a un vrai tempérament sportif, mais au détriment de la convivialité et de l’espace.

Design : 4/5
Motorisation : 2/5
Tenue de route : 1/5
Fiabilité et coût de possession :  1/5

Score final : 8 / 20

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