2011/04/02

Le merveilleux monde de Kei.

Bon il se passe pas grand chose dans l'actualité et je vous prépare un essais routier. Il n'est pas tout à fait terminé et de toute façon, j'ai décidé de prendre une petite pause, surtout que je viens de me procurer Gran Turismo 5. Ce jeu vidéo m'a donné l'inspiration pour mon article d'aujourd'hui. Je vous parlerai donc des voitures « Kei ». Vous allez me dire, mais « kei »-ce que c'est que ça? Désolé, j'ai pas pu m'en empêcher. En fait, les voitures « Kei » sont une classe de voitures typiquement japonaise. « Kei » est un dérivé de « Keiji » qui veut dire léger ou petit en japonais. Les plus perspicaces auront deviné qu'il s'agit donc de voiture de petite taille. De très petite taille en fait. Pour se qualifier dans cette classe fiscale de voiture au Japon, le véhicule doit mesurer 3,4 m de long par 1,48 m de large au maximum. De plus, le type de moteur, ainsi que la puissance qu'il développe et aussi la cylindrée sont tous règlementés. Les dernières règles stipulent que le moteur ne doit pas dépasser 4 cylindres avec une cylindrée de 660 cc. On a des motos ici au Québec, avec de plus gros moteurs que ça. De plus, la puissance est aussi limitée, à 63 Hp dans le cas qui nous intéresse.

Les voitures « Kei » virent le jour quelques temps après la fin de la Seconde guerre mondiale. À l'époque le Japon se remettait difficilement des dépenses encourus pendant les années de guerre et le gouvernement cherchait désespérément à survolter l'économie. Le japonais moyen voulait entrer de plein pied dans le monde automobile, mais n'en avait souvent pas les moyens. De plus, plusieurs compagnies nées durant la guerre se retrouvaient maintenant sans contrat et décidèrent de se recycler dans la construction automobile. Seul petit problème, pas d'acheteur. Les japonais qui avaient les moyens de se procurer un transport mécanisé, le faisait souvent à l'aide d'une motocyclette et non d'une voiture. Le gouvernement japonais décida donc, de créer un genre d'abris fiscale pour la classe moyenne en créant une classe de véhicule moins taxé que les voitures plus conventionnels. Les «Kei cars » était né.

Je vais maintenant vous faire une courte historique des voitures « Kei », en vous présentant différents modèles qui furent significatifs, en commençant par la première vrai « Kei ».

1958 à 1971 Subaru 360.

1958 Subaru 360 1958 Subaru 360

Subaru se targue souvent d'être une compagnie innovante et si on regarde l'illustre histoire de celle-ci on se rend compte qu'ils ont plutôt raison. En 1958 par contre, elle n'existait pas. Petit résumé. En 1917, Chikuhei Nakajima fonda « The Aircraft Research Laboratory », littéralement le Laboratoire de recherche aéronautique. Cette compagnie allait ensuite donné naissance à la « Nakajima Aircraft Company » qui construisit différents avions militaires durant la Seconde guerre mondiale, tel que le Nakajima Ki-84 « Hayate » pour n'en nommer qu'un seul. Après la guerre, la compagnie changea de nom encore et devint alors Fuji Sangyo Co. Cette compagnie commercialisa en 1950 le scooter Fuji Rabbit. Le premier véhicule terrestre motorisé de Fuji. En 1958, devenu Fuji Heavy Industries, on créa un division dénommé Subaru et son premier produit fut la 360 que je vous présente ci-dessous.

Technologiquement, la voiture est intéressante pour l'époque. En 1958, surtout ici au Québec, la plupart des voitures utilisait une carrosserie séparée du châssis en échelle. La 360 utilisait déjà un châssis monocoque où les panneaux de carrosserie font partie intégrante du châssis et contribuent à la force de la structure. Les matériaux composites entraient aussi dans sa fabrication, dans le cas de la 360 le toit étant en fibre de verre, un cadeaux des opérations aéronautiques de la défunte Nakajima. Pour ce qui est du moteur on était moins innovants, avec un 2 cylindres deux-temps de 358 cc, d'où le nom de la microscopique Subaru. Le moteur utilisait une essence de pétrole avec une huile spécifique mélangée dans le réservoir pour la lubrification, le refroidissement se faisant par air soufflé. La carburation utilisait un seul carburateur et dans cette configuration le moteur produisait un maigre 12 Hp pour un poids aux alentours de 446 kg. Malgré le poids plume, les accélérations étaient glaciale avec un 0-80 km/h en 37 secondes. Oui vous avez bien lu. Avec le temps les choses s'améliorèrent avec le système Subarumatic qui comprenait un réservoir d'huile qui la mélangeait automatiquement aux carburants. À la fin de sa carrière, la 360 développait 25 Hp ou 36 Hp dans sa version à double carburateur.

En 1969, la Subaru R-2 commença à remplacer la 360 et en 1972 la populaire Rex la remplaça pour de bon. Néanmoins, la 360 ouvrit la voie aux « Kei cars » et on en vendu plus de 392 000 toutes versions confondus.

1969 Subaru R-2

(1969 Subaru R-2)

1972 Subaru Rex

(1972 Subaru Rex)

Les compétiteurs.

Le succès de la 360 convaincu d'autres constructeurs de se lancer dans ce marché. En 1962, apparaissait la Mitsubishi Minica dotée elle aussi d'un bi-cylindres deux temps de 359 cc. Elle utilisait à peu de choses près les mêmes technologies que la Subaru et était en partie dérivé du Mitsubishi 360, un petit camion utilitaire qui vu le jour quelques années auparavant et entrait aussi dans la législation des voitures « Kei ».

1962 Mitsubishi Minica

(1962 Mitsubishi Minica)

En 1966 ce fut au tour de Daihatsu de faire son apparition sur le marché avec la Fellow. Elle utilisait une configuration novatrice pour une « Kei » avec toujours un bi-cylindre deux temps, mais monté à l'avant, contrairement à ses prédécesseurs qui montaient leurs moteurs à l'arrière. La puissance de 23 Hp du petit moteur de 356 cc était toujours envoyée aux roues arrières par contre. Une version SS vit le jour en 1967 pour faire compétition à la toute nouvelle Honda N360 dont je vous parle à l'instant.

1966 Daihatsu Fellow

(1966 Daihatsu Fellow)

En 1967, Suzuki entra dans la danse avec la Fronte. Elle aussi dérivé de petits véhicules utilitaires. On innovait un peu avec cette un 3 cylindres en ligne toujours refroidis à l'air et fonctionnant sous le cycle deux-temps. Ce moteur dans sa version la plus développé, produisait 36 Hp à partir de 356 cc. Le châssis utilisait une suspension indépendante à ressorts hélicoïdaux aux 4 coins, ce qui était très novateurs pour ce type de voiture à l'époque.

1967 Suzuki Fronte

(1967 Suzuki Fronte)

Avec la Subaru 360, la Honda N360 a l'honneur d'être la première voiture dessiné en tant que « Kei car » n'étant pas basé sur un camion. Elle a aussi les honneurs d'être la première « Kei » à traction avant. La motorisation est typique de l'époque avec un bi-cylindres deux temps refroidis à l'air, mais monté à l'avant comme dans la Daihatsu. La N360 fut commercialisé en 1967 et on peut facilement voir l'inspiration que la Mini britannique eut sur cette dernière. Par contre, la suspension était moins sophistiquée avec un essieu rigide à l'arrière combiné à des ressorts à lames, tandis que la Mini utilisait déjà une suspension indépendante en 1959.

1967 Honda N360

(1967 Honda N360)

Les années 90.


C'est au cours des années 90 que les « Kei cars » connurent vraiment un « boom ». Dans les années précédentes les compagnies améliorèrent graduellement leurs modèles sans rien de trop radicale, mais les années 90 virent de nouvelles technologies faire leurs apparitions. De plus, de nouveau type de carrosserie firent leurs entrées sur le marché. Les suspensions indépendantes rejoignirent la majorité des offres des constructeurs, les châssis et les carrosseries étaient maintenant monocoque et la carburation changeait tranquillement vers les systèmes à injection électronique. De plus, la plupart des modèles délaissaient les moteurs deux temps pour des moteurs quatre temps refroidis au liquide et le moteur placé à l'avant et la traction avant devinrent la norme.

La liste des modèles disponible à cette époque est beaucoup trop longue pour vous la reproduire ici, mais si vous êtes adeptes de Wikipedia, il y en a pour des heures à s'émerveiller sur la diversité des « Kei cars » offerts au Japon. Je vais quand même vous parler de certains modèles qui je crois méritent d'être mentionnés.

Autozam AZ-1.

Développé par Suzuki, mais vendu par la filiale de Mazda Autozam, l'AZ-1 est un peu spécial dans le monde des « Kei ». C'est un genre de supercars miniature. Par contre, due à la législation qui gouverne les voitures « Kei », les performances sont loin d'être similaire. Tout de même, l'AZ-1 utilise des portes en élytres, un moteur 4 cylindres de 660 cc placé au centre du châssis. Ce moteur de 64 Hp envoi sa puissance aux roues arrières. L'AZ-1 ne connut pas un grand succès, avec seulement 4 392 exemplaires vendu au Japon exclusivement. Néanmoins, la voiture a un certain culte qui est toujours vivant sur les îles nippones.

1992 Autozam AZ-1

Daihatsu Hijet.

Offert depuis le début des années 60, le Hijet est typique des voitures « Kei » offertes au Japon. C'est une petite mini-fourgonnette qui est utilisé autant pour les flottes commerciales que par le commun des mortels. Il est vendu dans plusieurs pays surtout en Asie et est offert dans d'innombrables versions et configurations. Si vous êtes fan d'anime et de manga vous l'avez surement déjà vu. Quelques compagnies basée au Québec en importèrent une certaine quantité avant le changement des lois d'importations.

1992 Daihatsu Hijet

Honda Beat.


Une concurrente de l'Autozam AZ-1 mentionné plus haut, la Honda Beat garde à peu de choses près la même configuration, mais avec carrosserie décapotable. De plus, la Beat est réputée par sa tenue de route hors-pair. Le moteur incorpore des technologies de pointe que certains véhicules, disons plus normaux, n'ont pas. On parle d'un 3 cylindres en ligne de 656 cc équipé de la technologie MTREC. Il s'agit de trompette d'admission à géométrie variable pour chacun des cylindres, le tout contrôlé par l'ordinateur d'injection. Le moteur développe ainsi 64 Hp et certains tuner l'ont même turbo-compressé avec une puissance dépassant les 120 Hp. Disons qu'avec le poids plume de la petite puce ça doit déménagé pas mal. La Beat n'est plus produite, mais on en construisit tout de même 33 600 durant ses années de commercialisation. À l'époque, la Daihatsu Copen et la Suzuki Cappuccino lui faisait compétition.

1992 Honda Beat

Suzuki Jimny.


L'engouement des « Kei cars » s'est transporté dans tous les types de voitures, le Jimny étant un fiers représentant des 4x4 ultra-compacte. Il fut vendu un certain temps ici au Québec, sous le nom de Samurai et par la suite Sidekick toujours avec l'effigie Suzuki. GM en acheta les droits et cela donna naissance au Geo Tracker. Les gens dans la trentaine se souviennent surement de ces petits véhicules tout-terrain qui sont encore actuel aujourd'hui et adorée des fanas de pistes ouvertes.

1998 Suzuki Jimny

Les « Kei cars » aujourd'hui.


En 2011, les « Kei cars » sont encore d'actualité. D'autant plus que la population augmente et la demande pour des très petites voitures est très fortes dans les grandes métropoles européennes et asiatiques. Aujourd'hui, chaque compagnie automobile japonaise a sa propre gamme de voitures « Kei » et le marché est très dynamique. On retrouve dans cette catégorie la Toyota iQ, la Mitsubishi i, la Daihatsu Move et la Suzuki Alto, pour n'en nommer que quelques unes. Qui sait peut-être un jour verra-t-on ces petites puces débarqués dans notre belle contrée. Quoique, je ne suis pas certaine que j'apprécierais faire le voyage Québec-Montréal dans une Subaru 360 sans chaufferette par – 30 deg. C.

2009 Toyota iQ

(2009 Toyota iQ)

2007 Mitsubishi i

(2007 Mitsubishi i)

2009 Daihatsu Move

(2009 Daihatsu Move)

2009 Suzuki Alto

(2009 Suzuki Alto)

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